J’ai excellé dans l’Art de me croire victime.
Sur tant de sujets, dans tant de domaines...
J’ai porté cette étiquette avec brio, jusqu’à m’en convaincre moi-même.
"Championne du monde de la victimisation", j’aime à dire.

Ces mots ne sont ni un jugement, ni un blâme.
C’est un constat, dans lequel je me sens aussi concernée.
Parce que j’ai traversé ce piège, et que je continue parfois d’y retomber.

Je sais à quel point il est facile de s’accrocher à l’injustice,
De pointer du doigt l’autre, le monde, les circonstances.
De se raconter que tout cela nous est tombé dessus,
Comme si nous n’avions jamais eu de prise sur ce qui nous arrive.

Et je sais aussi ce que ça coûte d’y rester enfermée.

Il fut un temps où je n’avais plus de repères,
Où mon propre corps ne m’appartenait plus,
Où ma parole avait été effacée,
Où ma vérité était devenue un mensonge collectif.

Et c’est dans cet abîme de solitude et d’injustice
Qu'un jour j'ai compris que personne ne viendrait me sauver.

Que personne d’autre que moi ne pouvait réécrire l’histoire.
Que personne d’autre que moi ne pouvait décider de mon pouvoir.

Ça n’a pas été instantané.
Ça ne s’est pas fait sans larmes.
Ça ne s’est pas fait sans douleur.
Mais j’ai compris.

Compris que tant que je ne m’aimais pas moi-même,
Je continuerais d’attirer ceux qui ne me respectent pas.

Compris que tant que je ne prenais pas ma place,
D’autres la prendraient à ma place.

Compris que tant que je ne reconnaissais pas ma valeur,
Je la laisserais aux autres le soin de la définir.

Parce qu’il y a une chose que j’ai vue, en moi et chez tant d’autres :
Nous attendons parfois d’être aimés pour nous aimer nous-mêmes.
D’être respectés pour nous respecter nous-mêmes.
D’être choisis pour nous choisir nous-mêmes.

Et c’est ce piège qui nous laisse prisonniers d’une réalité qui ne nous appartient pas.

Aujourd’hui encore, je trébuche parfois.
Le vieux schéma se rejoue par instants.
Mais la différence, c’est que je Vois le mécanisme.

Et parce que je le vois, je peux choisir autrement.

Car ce schéma mensonger et destructeur,
Celui qui nous fait croire que nous n’avons pas le choix,
Celui qui nous fait oublier notre pouvoir créateur,
Ne disparaît pas en un claquement de doigts.

Il guette chaque instant d’oubli,
Chaque moment de fatigue,
Chaque passage où la conscience s’endort un peu.

Mais je sais aujourd’hui qu’il est un leurre,
Un tourbillon qui tourne en rond,
Un piège dont je suis l’auteure inconsciente,
Qui, l’espace d’un instant,
A oublié Qui elle était vraiment.

Un partage à cœur ouvert, sans filtre, sans masque. Parce que certaines vérités méritent d’être dites, et que la mienne fait partie de mon chemin.